Vous pensiez que l’astrologie était l’apanage des magazines poussiéreux qui traînent sur les tables basses des salles d’attente ? Détrompez-vous : selon une étude YouGov datant de l’été 2020 réalisée pour femina.fr, près d’un tiers des français·ses croit à l’astrologie. Et c’est plutôt une affaire de jeunes, puisque le nombre de personnes se sentant concernées décroît avec l’âge. Pour certaine·es, le signe de quelqu’un en dit long sur son caractère, sa compatibilité avec d’autres personnes, et même son futur. C’est aussi une affaire de mode, puisque la thématique se retrouve partout en ce moment : dans les conversations, en imprimé sur les vêtements… et sur le web ! Ces dernières années, l’astrologie a trouvé une seconde jeunesse sur internet, où elle s’affiche de différentes façons.
Dis moi quel est ton signe, je te dirais (plus ou moins) qui tu es
Charlotte, 17 ans, s’intéresse à l’astrologie depuis 2 ans. Si elle a pris un peu de distance vis-à-vis de cette pratique, l’astrologie tenait pendant un temps une place importante dans sa vie.
Quand j’étais en couple avec mon ex je vérifiais si on était compatibles, ou même avec des crushs* que j’ai pu avoir. Je regardais aussi souvent mon horoscope, et parfois ça influençait mon état d’esprit.
Charlotte, 17 ans
Encore aujourd’hui, elle connaît les signes astrologiques de ses ami·es, leurs significations et compatibilités avec d’autres signes. Et pour elle, le temple de l’astrologie… c’est Instagram !
Gabrielle, 16 ans, est elle aussi passionnée d’astrologie, et c’est également sur Instagram qu’elle se renseigne sur le sujet. Parmi les personnes qui l’inspirent, elle cite Shera. Cette influenceuse lifestyle s’est emparée du sujet il y a 2 ans. Aujourd’hui elle propose une chronique mensuelle appelée Sherastrologie, sur Instagram, où elle s’amuse à replacer cette thématique dans la vie de tous les jours : comment les différents signes astro vivent la pandémie, comment ils s’habillent… un sujet dont elle parle également sur YouTube.
L’astrologie à l’ère de l’image reine
Avec le numérique viennent de nouvelles manières d’appréhender l’astrologie. Des applications se targuent de décortiquer la psychologie d’une personne à travers son jour de naissance : c’est le cas de Co-star, lancée en 2017, qui totalise 7,5 millions d’utilisateurs·trices dans le monde. Sur Tiktok aussi, les signes astrologiques sont légion. Léna, 15 ans, m’explique qu’elle aime chercher le terme pour trouver par exemple des vidéos de type “aesthetics” (ou esthétique en français).

Les créateurs·trices y imaginent des tenues ou des maquillages spécifiques pour chaque signe astrologique. Sur cette plateforme, permettant de partager des vidéos courtes, les vidéastes imaginent la réaction des différents signes dans des situations spécifiques (à la rentrée, pendant une interro, après une rupture…). Et c’est tellement intrigant que l’on peut être tenté·e de regarder, même sans y croire, juste pour voir si cela correspond.
Cette mode reflète un peu la façon dont l’astrologie s’inscrit dans la pop culture, de façon esthétique et amusante plutôt que mystique. Sur le compte Instagram Astrotruc, l’autrice Maheva Stephan Bugni joue avec les signes astrologiques, les associe à des images virales, des sujets d’actualité ou des extraits de Dragon Ball, les Simpsons, Desperate Housewives… Le thème est traité avec humour et pas mal de second degré, comme sa créatrice l’affirme dans une publication toute récente : “On peut tellement jouer avec l’astro”. Créé en 2018, le compte cumule aujourd’hui plus de 350 000 abonné·es.

Un outil social de plus
En faisant appel à des références bien connues de la pop culture, Maheva Stephan Bugni parvient à s’adresser à un public très large, et particulièrement aux jeunes. Elle l’explique dans un reportage de FranceTV Slash :
Pour moi, l’attirance de la jeunesse pour l’astrologie elle est liée au fait qu’il y a moins de “barrières” : c’est des générations qui ont su très vite s’organiser en communauté et aller chercher ce qui les intéressait, sans forcément passer par cette espèce de doxa où on te dit “ça c’est noble, ça c’est pas noble, la philo c’est bien, l’astrologie c’est mal…” […] les générations qui arrivent, elles vont chercher le sens là où ça les intéresse.
Maheva Stephan Bugni, créatrice du compte Astrotruc
Léna, Charlotte et Gabrielle ont un rapport à l’astrologie plutôt ludique : connaître leur signe leur permet de définir leur caractère et celui de leurs ami·es, mais aucune d’entre elles n’affirme vérifier son horoscope tous les jours. Pour Charlotte c’est plutôt quelque chose de communautaire, qu’elle partage avec ses ami·es.
Je connais les signes de mes potes car c’est cool de voir si leurs caractères correspondent aux critères spécifiques du signe en question, avec qui ils et elles sont compatibles…
Charlotte, 17 ans
Finalement, l’astrologie est pour elles une façon de plus d’affirmer leur identité, un outil social. Elles ne sont pas juste lyonnaises, blondes, brunes, nées dans les années 2000… elles sont aussi Taureau, Gémeau ou encore Poisson. Léna par exemple en tant que Scorpion se définit comme “autoritaire et passionnée”. Mais elle garde une distance avec les prédictions de son horoscope qui s’avèrent le plus souvent… particulièrement hasardeuses !
*Crush : un coup de coeur, avoir le « béguin » pour quelqu’un·e
À propos de l\'auteur·trice
Journaliste depuis quatre ans, Lise Famelart est passée chez Clubic, Le Progrès, Euronews ou encore madmoiZelle en tant que cheffe de rubrique high-tech et jeux vidéo. Le numérique reste une de ses thématiques de prédilection et à côté de son travail de journaliste, elle aime échanger à propos du jeu vidéo sur Twitch.