Au début de l’année la plateforme de streaming Netflix avait annoncée qu’elle proposerait un grand nombre de longs-métrages originaux à ses abonné·es en 2021. Et fin avril, c’est un film d’animation en 3D qui a débarqué sur la plateforme : Les Mitchell contre les machines ! Ce long-métrage est produit par Phil Lord et Chris Miller, aussi connus pour Tempête de boulettes géantes et La grande aventure LEGO, et qu’on retrouve sur Spiderman : New generation. Que des films survitaminés et bourrés de bonnes idées. Quant aux deux réalisateurs, ils ont travaillé sur la passionnante série Souvenirs de Gravity Falls. L’équipe est donc talentueuse, mais que vaut Les Mitchell contre les machines ?
L’équipe est donc talentueuse, mais que vaut Les Mitchell contre les machines ? Rien qu’en lisant le titre, on comprend que les nouvelles technologies seront présentées comme le problème. En fait, l’œuvre va même jusqu’à critiquer les smartphones de manière générale…
Adieu les parents !
Dans ce long-métrage on suit l’histoire de Katie Mitchell, une ado créative et bourrée d’idées qui s’est prise de passion pour le cinéma. En grandissant, elle s’est amusée à réaliser ses propres courts-métrages avec en vedette son chien, son petit frère, et tout ce qui pouvait lui tomber sous la main. Et aujourd’hui, Katie est heureuse : elle va enfin pouvoir quitter le nid familial ! Elle a été acceptée dans une prestigieuse école de cinéma à l’autre bout du pays. Une nouvelle qui lui fait plutôt plaisir puisqu’elle ne se sent pas vraiment en phase avec sa famille. Enfin surtout avec son père qui ne semble pas comprendre ses délires.
Les plans de Katie sont perturbés par un imprévu : l’apocalypse, ni plus ni moins. Des robots fous foncent sur les humains et les kidnappent. Très vite, les Mitchell vont réaliser qu’ils n’y a plus qu’eux sur Terre pour sauver l’humanité. Mais vont-ils réussir à s’allier pour réussir ce pari fou ?
Créer pour exister
Katie, le personnage principal de cette histoire, est assurément attachante et inspirante. Ce n’est pas une héroïne traditionnelle : elle n’est pas particulièrement courageuse, ni volontaire. Elle veut juste vivre sa passion à fond sans personne pour l’embêter. Au quotidien, elle bidouille, invente, crée. Elle a appris toute seule à créer des effets spéciaux, filmer ou encore monter une vidéo. C’est une pro du do it yourself (en français : fait soi-même), mais ce n’est qu’au fil de l’histoire qu’elle se révèlera vraiment courageuse. Katie est réaliste, sans prétention, et c’est ce qui fait une partie de la qualité du film.

Ce côté créatif se retrouve dans l’identité graphique de l’œuvre. De petites incrustations un peu cartoon parsèment l’action, la rendant à la fois plus fun et plus esthétique. Entre les bidouillages de Katie et l’univers très froid et lisse des robots qui tentent de conquérir le monde, le film est plein de bonnes idées graphiques.
Les smartphones attaquent !
Mais qui dit film d’animation américain, dit morale à la fin. L’une des morales du film est plutôt discutable : tous les membres de la famille, à part le père, passent beaucoup de temps sur leur smartphone au début de l’histoire. Ce sera même un smartphone qui sera à l’origine de la catastrophe robotisée. Les nouvelles technologies sont un peu présentées comme les ennemies, alors même qu’elles permettent à Katie de s’épanouir. Cette diabolisation des smartphones et des objets connectés n’est pas spécialement nouvelle ni novatrice. Et un peu surprenante venant d’une équipe créative habituée à casser les codes.
Cet aspect du film est un peu ambivalent : d’un côté, les écrans sont présentés comme les ennemis. D’un autre côté, ce sont eux qui permettent à Katie de s’épanouir et de développer sa passion. D’une certaine manière, ce double discours rejoint l’opposition entre la fille et le père. Lui, ne jure que par le travail manuel et les réunions de famille. Elle, est très branchée numérique et effets spéciaux. La question est : les deux protagonistes vont-ils trouver un terrain d’entente ?

L’autre message important, c’est celui de l’unité familiale. Dans son épopée, la famille Mitchell va tenter de sauver l’humanité, mais aussi de retrouver son unité. Toute l’histoire tourne autour de Katie et son père, qui se sont en quelque sorte perdus, qui ne s’entendent plus. Sauf que lorsqu’on est menacé·e par un rayon laser mortel, a-t-on vraiment le temps d’expliquer à son papa qu’il nous étouffe au quotidien ? Cette problématique est intéressante mais carrément omniprésente dans l’histoire, et traitée de façon un peu artificielle.
Apprendre à s’aimer dans ses imperfections
Et pourtant, elle véhicule un message plutôt touchant. La fille et le père ont du mal à s’apprécier parce qu’ils ne voient de l’autre que ses imperfections. On le découvre dès le début du film, la famille Mitchell est un condensé d’imperfections. Et c’est pourtant à elle que reviendra la lourde tâche de sauver l’humanité. Au fil de l’histoire et jusqu’à la révélation finale, qui vous fera peut-être verser une larme, l’œuvre incite ses jeunes (et moins jeunes) spectateurs et spectatrices à aimer leurs particularités que les autres ont parfois tendance à leur reprocher. Être geek, passionné·e de dinosaures, très timide ou maladroit·e n’est pas honteux, parce que c’est ce qui nous rend différent·es. Et même si le film n’est pas exempt de maladresse, ce message est apporté de façon très intéressante.
Les Mitchell contre les machines est finalement un joyeux bazar à base de direction artistique audacieuse, de messages un peu maladroits, d’humour absurde et de personnages furieusement attachants. En proposant une héroïne bricoleuse et imaginative, qui fait face aux problèmes de façon innovante, et des mises en scène audacieuses, le film est une ode à la créativité de façon implicite et explicite. Alors certes, il déplaira peut-être aux spectateurs·trices qui aiment prendre le temps de se poser. Mais pour qui n’a pas peur de s’embarquer dans 2 heures d’épopée délirante, c’est un très bon film à voir en famille.
À propos de l\'auteur·trice
Journaliste depuis quatre ans, Lise Famelart est passée chez Clubic, Le Progrès, Euronews ou encore madmoiZelle en tant que cheffe de rubrique high-tech et jeux vidéo. Le numérique reste une de ses thématiques de prédilection et à côté de son travail de journaliste, elle aime échanger à propos du jeu vidéo sur Twitch.