Les réseaux sociaux sont la principale source d’info des ados. Dommage, c’est aussi là que fleurissent et s’épanouissent les fake news et théories complotistes. Pour les contrer, journalistes et vulgarisateurs investissent eux aussi YouTube, Twitter ou Snapchat pour « débunker » les fausses nouvelles et apprendre à déjouer les manipulations.
À la question « Comment vous informez-vous ? » la réponse est quasiment toujours la même ! Qu’ils soient en 4ème ou en Terminale, les jeunes d’aujourd’hui s’informent d’abord « sur les réseaux ». Abonné·es à des comptes Twitter, scrollant sur Instagram, Facebook ou Twitch, ils atterrissent le plus souvent sur des sites d’information au détour des publications qui apparaissent sur leurs plateformes préférées. Mais problème : les sites en question s’avèrent parfois douteux. Voire mensongers et même dangereux.
Quand les algorithmes sentent qu’il y a une petite excitation derrière un contenu, ils donnent un bonus de visibilité
Tristan Mendès France, maître de conférences associé à l’Université de Paris
Le piège des contenus « populaires »
Car les algorithmes à l’œuvre sur ces plateformes sociales privilégient ce qui suscite de « l’engagement ». Les contenus qui remportent le plus de clics, de « J’aime », de commentaires et de partages sont mis en avant. « Quand les algorithmes sentent qu’il y a une petite excitation derrière un contenu, explique Tristan Mendès France, maître de conférences associé à l’Université de Paris dans ce podcast France Info, ils donnent un bonus de visibilité (…) or cette excitation est souvent le fait de communautés, militantes, en ligne, qui vont mettre des likes, partager… » . Les rumeurs, fausses informations et contre-vérités peuvent ainsi rapidement devenir populaires. Difficile dès lors d’échapper à ces contenus viraux, à moins de savoir comment appréhender ces infos sensationnalistes qui surfent sur la défiance envers les médias.
Trouver les ados, là où ils sont ? Sur les réseaux !
Pour ne pas se faire avoir, les conseils ne manquent pourtant pas. Le développement de l’esprit critique étant au centre de la mission assignée au système éducatif français, l’école dispense dès le collège des cours d’éducation aux médias pour permettre aux élèves d’évaluer une information trouvée en ligne et discerner le vrai du faux. Ne pas être dupe. Ne pas croire tout ce qu’ « on » dit. Croiser ses sources. Ok, mais… plus facile à dire qu’à faire !
Vidéastes, journalistes et vulgarisateurs mènent bataille sur le même terrain. Avec des vidéos, drôles, rythmées, mais surtout DO-CU-MEN-TÉES. Petite sélection de comptes « remèdes » à faire découvrir aux sceptiques :
Defakator, le héros masqué qui « défake sur les fakes »

Il n’a pas l’air très sérieux dans son costume noir de super-héros. Mais ne pas s’y fier, car c’est sûrement une des clés de son succès. Car avec 307 000 abonnés sur sa chaîne YouTube et plus de 85 000 « followers » sur Twitter, Defakator est un des plus suivis sur les médias sociaux. Il faut dire que son style décalé, voire burlesque, prête à rire. Et permet d’aiguiser son esprit critique tout en passant un bon moment. Ce qui ne l’empêche pas de démonter efficacement les fausses nouvelles, sans se priver d’étriller les politiques et les grands médias.
Entre épisodes thématiques et tutos pour apprendre à « défaker » ses vidéos sont de vraies leçons pour décrypter aussi bien les fausses nouvelles que la construction du journal télévisé.
AudeWTF, la journaliste qui « elle aussi, veut dire la vérité aux Français ! »

Elle est journaliste, ce qui pourrait être considéré comme un handicap quand on s’adresse à des adeptes du « grand complot ». Mais avec sa fausse naïveté et un portable qu’elle dégaine au moindre doute, Aude Favre embarque plus de 86 000 abonné·es dans des vidéos à la fois courtes et drôles. Sur un ton gentiment déjanté, elle manie habilement le sarcasme pour démonter les arguments fumeux, et mène ses enquêtes face caméra pour transmettre le B-A-BA du métier de journaliste : chercher, questionner, vérifier.
Implacable, mais toujours avec le sourire, Aude What The Fake démonte en bonne et due forme les fake news qui font le buzz. Présente sur Facebook, Twitter et Instagram, elle est même visible sur le portail de France Télévision.
Militante engagée contre la prolifération de la désinformation, elle a même réussi avec son documentaire « Fake news, la machine à fric* », à mettre en échec certains sites complotistes.
Oh My Fake, « le programme de 20 Minutes qui rend fort contre les fake news »

Accessible sur Snapchat Discover, Oh My Fake décortique dans des vidéos très courtes les ressorts psychologiques qui incitent au partage et à la viralité. « Au-delà de savoir si » C’est vrai ou c’est faux« , l’important est plutôt de comprendre « Pourquoi on y a cru ? » » est-il précisé sur la plateforme. S’adressant à un public plutôt jeune (Snapchat oblige !) c’est une jeune journaliste, Clémence, qui analyse en moins de 2 minutes les infox et rumeurs du moment, tout en distillant les éléments de contexte qui permettent de prendre de la hauteur.
Avec ses incrustations et ses images flashy Oh My Fake informe autant qu’il débunke tout ce qui anime le monde des millenials.
Debunker des étoiles, la chaîne qui s’appuie sur la méthode scientifique

Être sceptique, c’est bien ! À condition d’adopter une démarche scientifique pour véritablement chercher des réponses. C’est ce que propose Sylvain Cavalier, le Debunker des étoiles qui fut lui aussi complotiste avant de réaliser que soulever des questions n’était pas suffisant ! « La plupart des gens ne sont pas méchants », explique-t-il dans sa vidéo la plus vue (249 653 vues) qui prouve que non, les chemtrails, ces traînées blanches laissées par les avions dans le ciel, n’empoisonnent pas l’humanité. « Ils pensent sincèrement que la population court un danger sanitaire caché et ils veulent nous en alerter (…) c’est pas grave de se faire avoir.» Ce qui est grave par contre, c’est de douter de tout, sans mettre son intelligence en action.
Tel un professeur bienveillant, mais toujours en alerte, le Debunker des étoiles, apporte donc des réponses vérifiables pour accompagner les sceptiques au bout de leur démarche.
La tronche en biais, l’émission consacrée à l’esprit critique et à la zététique

Ils sont deux à l’écran, mais c’est en réalité toute une équipe qui officie sur La Tronche en biais pour produire des vidéos, parfois longues, mais très claires et documentées. Leur objectif : vérifier scrupuleusement toutes les informations qui font débat : les vaccins, l’homéopathie, la vie après la mort, le secret des pyramides… En adoptant une rigueur scientifique qui permet non seulement de faire le point sur les controverses mais aussi de comprendre pourquoi notre cerveau nous joue parfois des tours. Traquer les fameux « biais cognitifs » qui permettent aux théories les plus farfelues de prospérer.
Plus de 200 vidéos en 7 ans, 245 000 abonné·es sur Youtube, 26 906 334 vues au total… Une vulgarisation de la science et de l’actualité pour mieux penser par soi-même, en évitant les pièges !
À propos de l\'auteur·trice
Médiatrice et formatrice pour Fréquence écoles, Caroline Bonnard est une ancienne journaliste de télévision, « rédactrice-cadreuse-monteuse » convertie à l’éducation aux médias et au numérique. Passionnée par les bouleversements induits par la « révolution numérique » elle s’intéresse à tout ce qui transforme nos modes d’information, de communication et d’interaction. Maman, elle teste aussi dans sa famille une approche critique mais bienveillante de l’éducation aux médias convaincue qu’il est nécessaire de s'y intéresser de près.