Les genres du jeu de plateau et du jeu de société s’entrechoquent depuis longtemps : de nombreux incontournables comme le Monopoly, Carcassonne… sont disponibles en version numérique, pour une expérience un peu différente. Et directement sur PC et sur consoles, certain·es créateurs·trices s’inspirent des jeux de plateau pour inventer des jeux vidéo étonnants. C’est le cas de Dorfromantik, une expérience à la croisée des genres.
Lancé au mois de mars dernier, Dorfromantik peut être comparé à un jeu de dominos à l’ambiance rurale. Lea joueur·euse démarre sur un terrain vide : il ou elle a un nombre limité de tuiles à placer. Associer des tuiles comportant les mêmes éléments (champs, villages, forêts…), permet d’engranger des bonus afin de cumuler des points, et surtout d’obtenir de nouvelles tuiles. Mais attention : il est impossible de mettre côte à côte une tuile rivière et une tuile chemin de fer, par exemple. Si le concept de départ est hyper simple, il faudra vite faire appel à son esprit stratégique pour battre des records.
La douce rumeur de la campagne
Grâce à sa simplicité, Dorfromantik est un jeu accessible même aux jeunes joueurs·euses. Si le challenge est bien présent (on fera tout pour ne pas voir cette pile de tuiles s’épuiser), le jeu cultive une atmosphère très relaxante qui en fait un parfait loisir pour terminer une journée un peu rude, par exemple.
Graphiquement d’abord, le jeu est très épuré et ne s’embarrasse pas d’un surplus d’inscriptions. Les objectifs sont indiqués par de petites pancartes, le score est affiché en haut à droite, et c’est à peu près tout. Tout est fait pour qu’on prenne son temps, afin de trouver la solution qui nous convient le mieux. L’occasion d’aiguiser sa logique qui, comme un muscle, doit travailler pour se développer ! Mais cela permet aussi d’admirer les graphismes : chaque tuile est une peinture numérique bourrée de petits détails. Et lorsqu’on agrandit suffisamment notre terrain de jeu, on peut débloquer de nouveaux éléments comme des fontaines, des champs de lavande, des animaux…

Pour rester dans cette ambiance zen, Toukana Interactive, le studio à l’origine du jeu, a aussi beaucoup travaillé son ambiance sonore. La musique est douce et discrète, les sons liés au déplacement et à la pose d’une tuile inspirent un sentiment de satisfaction. Mais le plus astucieux, c’est les bruits de la campagne qui viennent s’ajouter au fur et à mesure que l’on agrandit son terrain de jeu. Poser une tuile chemin de fer permettra d’entendre une locomotive au loin, les rivières ajoutent un doux clapotis, les champs des meuglements de vaches… tout s’additionne très bien, pour ne pas verser dans la cacophonie mais quand même donner l’impression que l’univers s’agrandit.
Un défi logique
Même si le principe du jeu est très simple, il faut plusieurs parties pour parvenir à dépasser les 10 000 points. Et même lorsque ce score est atteint, il reste encore tout un tas de tuiles à découvrir, qui permettront de rendre les paysages créés plus bariolés.

Toukana Interactive a aussi décidé de proposer un mode “créatif”, où les joueurs·euses peuvent poser leurs tuiles comme bon leur semble sans se soucier des points marqués, afin de créer leur campagne idéale. Si l’idée n’est pas mauvaise, ce mode est quand même très limité : on n’a pas le choix des tuiles, celles-ci étant proposées aléatoirement. De fait, les paysages ainsi créés ne sont finalement pas plus intéressants que ceux du mode classique. Cela dit, cette fonctionnalité a été ajoutée tout récemment, il est donc possible qu’elle soit améliorée à l’avenir.
Dorfromantik est un de ces jeux au concept tout simple, et pourtant très efficace. Il faut quelques minutes pour comprendre comment placer les tuiles et cumuler des points, et potentiellement quelques heures pour passer les 10 000 points. Et tout cela, sans sentiment de frustration. Un très joli jeu de logique parfait pour les joueurs·euses stressé·es. Le jeu est disponible sur PC au prix de 9 euros.
À propos de l\'auteur·trice
Journaliste depuis quatre ans, Lise Famelart est passée chez Clubic, Le Progrès, Euronews ou encore madmoiZelle en tant que cheffe de rubrique high-tech et jeux vidéo. Le numérique reste une de ses thématiques de prédilection et à côté de son travail de journaliste, elle aime échanger à propos du jeu vidéo sur Twitch.