Les fêtes de fin d’année approchent et votre enfant a peut-être demandé au Père Noël un jeu (ou un jouet) Pokémon, une franchise incontournable sous le sapin depuis plus de 20 ans ! Débarqués en Europe à l’automne 1999, la Pokémania s’empare rapidement des cours de récréations et marque toute une génération de jeunes joueurs et joueuses. Mais ils viennent d’où, ces Pikachu, Dracaufeu et autres Mewtwo ? Et surtout, pourquoi sont-ils toujours aussi populaire après tout ce temps ?
Vous avez failli ne jamais connaître Pokémon
À l’origine, Pokémon est un jeu vidéo japonais développé par Game Freak et sorti sur la Gameboy en 1996. Le principe ? Capturer des Pokémon (des créatures souvent mignonnes, parfois effrayantes), les entraîner et leur faire combattre d’autres Pokémon. Le but ? Devenir le meilleur dresseur ou la meilleur dresseuse. Dès ses débuts, le slogan de Pokémon donne le ton : « Attrapez-les tous« . Celui ou celle qui parvient à capturer les 150 Pokémon aura réussi le défi ultime de compléter le Pokédex, l’encyclopédie des Pokémon !

Mais à sa sortie au Japon, le jeu ne connaît pas du tout le succès escompté ! Les ventes s’effondrent vite, entre autres à cause de la Gameboy qui est déjà une console vieillissante. Voyant l’échec se profiler, Game Freak lance une rumeur à travers des magazines spécialisés. Une 151ème créature, Mew, serait cachée dans le jeu ! La machine est lancée et grâce au bouche-à-oreille les ventes décollent. Tous les enfants veulent capturer le Pokémon fabuleux. Des légendes urbaines naissent dans les cours de récrés, chacun y allant de sa petite théorie sur la manière de capturer Mew. Celui-ci ne sera officiellement distribué qu’aux dresseurs et dresseuses émérites ayant complété leur Pokédex ! C’est là que réside le (premier) succès de la licence : les jeux mettent un accent prononcé sur le côté « collectionnite ». Et ça marche très bien.
Pokémon crée des potes et déchaîne les passions
Pokémon est un succès planétaire. Le marketing faisant son office, les jeux s’accompagnent d’un dessin animé (qui compte plus de 1000 épisodes à ce jour !), de cartes à jouer ainsi que de tout un tas de produits dérivés estampillés Pokémon : des radios-réveil, des cartables, des films, des figurines à collectionner… Pokémon avait tout d’un effet de mode passagère comme les cours de récrés en ont vu tant. Et pourtant. La licence est devenue l’un des piliers majeurs de la pop-culture moderne. Aujourd’hui, la saga est plus présente que jamais, comme en témoignent les ventes record des dernières versions, sorties sur Switch fin 2019.
La recette du succès de Pokémon ? Offrir aux enfants un produit qu’ils peuvent partager avec leurs ami·es ! La licence se prête en effet parfaitement aux échanges en tout genre. Les échanges ont toujours été une composante importante de ces jeux vidéo, si bien qu’il est impossible de compléter le Pokédex d’un jeu sans échanger avec sa version complémentaire. Du côté du jeu de carte, les cours de récrés ont été (et sont toujours) autant d’arènes qui voient se jouer des tournois amateurs entre écolier·es, mais qui deviennent des places d’échanges dès qu’un enfant a une carte un peu rare. Ainsi, la popularité de Pokémon s’explique aussi car la licence est fortement vectrice de lien social.
Une saga toujours aussi populaire chez les jeunes… et les moins jeunes.
Et quoi de mieux que Pokémon Go pour illustrer le caractère social de Pokémon ? Rappelez-vous l’été 2016, quand le moindre Pokémon rare pouvait causer des mouvements de foules impressionnants. Pokémon Go a été un succès fulgurant. En capitalisant habilement sur les nouvelles technologies, Niantic (l’entreprise derrière le jeu) a su proposer un jeu innovant. Grâce à son système en réalité augmenté, le monde « réel » devient le terrain de jeu de Pokémon Go. Les joueurs et les joueuses sont incité·es à se déplacer, à se rencontrer et à interagir, que ce soit pour indiquer à d’autres personnes la présence d’un Pokémon rare un peu plus loin, ou pour lancer in-game un bonus dont les autres pourront profiter. On ne compte pas le nombre de groupes hétéroclites qui se sont formés, le temps d’un été, pour aller chasser des Pokémon dans les parcs.
En touchant habilement à la fibre nostalgique (à son lancement, seuls les 151 Pokémon d’origine étaient disponibles dans le jeu), Pokémon Go a su s’ouvrir à un public qui s’était éloigné de son univers : les grands enfants ! C’est pourquoi aujourd’hui, la licence parvient à créer un dialogue entre les enfants et leurs parents : les pré-adolescent·es du début des années 2000 deviennent aujourd’hui de jeunes parents, qui peuvent partager leur passion de l’époque avec leurs enfants. Rares sont les sagas pop-culturelles à être parvenues à créer un tel lien inter-générationnel. Ce phénomène nouveau va tendre à se développer dans les années à venir.
La licence prospère sur les réseaux sociaux
A l’heure de YouTube et de Twitch, la licence Pokémon connaît un nouveau souffle. Le jeu de carte est aujourd’hui plus présent que jamais, tant les influenceurs et influenceuses se sont saisi·es du sujet. Ces dernier·es ont lancé une véritable mode… en ouvrant en direct des paquets de cartes. Le but de ces lives est de découvrir la carte la plus rare possible. Le public de ces vidéastes étant majoritairement jeune, ceux-ci contribuent au succès de la licence auprès des enfants. Ce véritable engouement a généré une demande bien supérieure à l’offre, faisant s’envoler les prix de certaines cartes rares et causant de nombreuses ruptures de stocks. D’ailleurs, qui sait, peut-être que les cartes que vous aviez étant enfants valent aujourd’hui une fortune !
Mais la présence de Pokémon sur les réseaux va plus loin que le jeu de carte. L’univers de la licence est suffisamment riche pour que de nombreux vidéastes consacrent leur chaîne à certains aspects particuliers des jeux. Certains vont parler uniquement de stratégie pour les meilleurs dresseurs et dresseuses en herbe. D’autres, plus curieu·x·ses, vont faire des vidéos « théories » pour celles et ceux cherchant à percer les mystères du monde des Pokémon. On ne compte pas non plus le nombre de joueurs et joueuses qui streament leurs parties, parfois en se lançant des défis loufoques pour pimenter l’aventure. En bref, Pokémon déchaîne les passions partout sur Internet. Et la sortie prochaine de nouveaux jeux, qui alimentent déjà bien les discussions en ligne, semblent indiquer que le phénomène n’est pas prêt de s’arrêter… et nul doute qu’on n’a pas encore fini d’entendre parler de Pokémon !
À propos de l\'auteur·trice
Intervenant pour Fréquence Écoles depuis plus de deux ans, Nicolas y a été formé à l’éducation aux médias et à la médiation numérique. Il accompagne régulièrement des classes de collégiens dans leurs usages d’internet, des réseaux sociaux et pour les aider à mieux comprendre comment tout ça fonctionne.